Une mort sans cadavre...

Tria, Mystia 21, IIIe CA 2545

Un cri lourd à faire frémir les murs les plus robustes du hall : Aaaaaaaahhhh.
Puis, dans un moment de folie, l'ombre d'une vivante traverse chaque étage de l'immeuble, à la recherche d'un compagnon pour lui conter l'horreur.

A l'origine de cet hurlement, une homine, une trykette... on l'appelle Papouille.
L'horreur? Un homin gisant au sol, une marre de sève bleuté l'entourant... On l'appelle Zarion.

Papouille ne possède pas l'intégralité de ses facultés, mais a trouvé un emploi auprès du FSDJ.
Le matin, elle balaye les couloirs, l'après-midi, elle range les bureaux et discute avec Varope, le concierge.

Après avoir quelques peu repris ses esprits, elle retourne vers le corps toujours immobile.
La Trykette se souvient alors de sa première rencontre avec le Fyros.
C'était il y a plusieurs mois déjà. Ce soir là, Elmera était rentrée plus tardivement qu'à l'habitude, courbée de douleur, elle portait un corps inanimé.
Des jours durant, la "Cheffe" et l'ancienne habitante des Lacs ont soigné celui qui allait devenir le Porte-Parole, sans jamais douter qu'un jour il sortirait de ce profond coma.

Sans raison apparente, et au ralenti, Zarion se mit à genoux. Papouille sèche ses larmes, mais tremblote.
Elle se remémore un passé douloureux : "Ce matin là, alors que ses deux petites mains ne suffisait pas pour absorber la sève empoisonnée qui coulait des narines du Fyros, et essuyer son front brûlant de fièvre, elle crut perdre la vie.
En l'espace d'une seconde, deux grands yeux noirs s'ouvrirent, et elle sentit alors sa respiration diminuait..."
Alors que les tremblements s'accélèrent, elle se rappelle encore tous les détails : "C'est Elmera, qui entrant dans la pièce attrapa le poignet du Fyros de sa main droite, et la gorge de sa main gauche en lui disant -C'est ainsi que tu remercies ceux qui te sauvent la vie?-.
Zarion n'avait pu alors que bouger les lèvres, sans qu'aucun son ne puisse sortir. Il fallu encore plusieurs heures avant que les effets de la Goo se dissipe, emportant avec eux la mémoire de l'homin".

Aujourd'hui encore, il ne se souvient plus de grand chose... Après avoir quitté la Communauté Tryker de Davae, migrante des Lacs pour mieux assouvir leurs cultes de la Terre et des Graines, il revient au même discours : le Trou Noir.

Alors qu'il semble avoir retrouvé toutes ses forces, Zarion se lève, se retourne en direction de Papouille qui ne peut que le regarder ébahi, sans comprendre... ou presque : "Nair Zarion, la marque est revenue sur votre front".

Le Fyros regarde la trykette avec un certain mépris, puis esquissa un sourire mesquin avant de poursuivre son chemin.
Une silhouette homine semble l'attendre à l'entrée du Hall.

La déception et la tristesse m'envahirent, quelle sensation ravageante, mon corps rongé par les remords, et mon cœur fendu...

Sous l'emprise de la Goo, Zarion avait fui en direction de Davae à la recherche de son silencieux passé.
Pour ne pas faire naître de doutes et brouiller les pistes, l'ombre qui l'accompagnait parti en direction d'Yrkanis, alors que le Fyros pris la route des Lacs, plus longue, mais bien moins risqué en terme d'oreilles et d'yeux trop curieux.

Un Tryker bien amoché par le temps qui passe, mais surement aussi par l'abus de liqueur de shooki lui offre le gite : "Coute mon pote, la Matrone, pour sur qu'elle te donnera une soupe et un quignon de pain chaque soir. En échange, tu aides un peu chaque jour, en allant chasser du yubo."

Zarion acquiesça, et se fit mal pour détendre son visage et offrir un sourire à son interlocuteur.
L'ivrogne, qui n'avait pas été gâté par la vie car né borgne, le rassura : "Tape là mon pote, chi tu te plais ichi, tu restes, sinon, pour sûr que tu peux partir quand tu veux".

L'ancien bel homin dont le visage se noircit chaque heure sous la virulence du poison était quand même désireux de ne pas perdre l'once d'hominitié qu'il restait en lui, et savait trop bien que chacun de ses actes belliqueux le condamnait un peu plus.
Ne pouvant pas duper son ennemi de l'intérieur, encore très longtemps, il chercha donc un véritable échappatoire : L'écriture.

Poèmes, récits de guerres, vision du monde... Tout y passe, tout est bon pour éviter de sombrer dans la pire des folies, celle qui impulse un souffle de violence, celle qui tue sans raison, celle qui le rend aussi fou que les Frippos de Silan, celle qui a déjà enlevé tant de vies.
A chaque instant, il devra livrer un combat pour se libérer de ses maux, mais seul, il n'y parviendra pas !

Hey ptit pote. Comment kon tapel? demanda le borgne alcoolique.

Le Fyros avait pitié de cet être inférieur (selon lui) et décida de lui répondre avant de s'éloigner, loin... Très loin de ce pays.
"On m'appelle Zargus... Zargus le noir"

La forme éloignée de son enveloppe charnelle laissait paraitre les premiers effets dévastateurs de la drogue.
Zarion ne se retournera pas, il n'en a plus le droit, sa vie est maintenant derrière lui.

De grandes gouttes de sève encore saine de goo coulait le long de son visage, laissant un détour par ses pommettes creuses.
Il pense encore à elle... à Eux... A cette amour d'un soir, d'une nuit... "J'aurais voulais toute notre vie".

Un Homin se meurt...

Tombé au plus profond d'Atys, au plus profond des entrailles...
Ici, c'est l'enfer... Rien... Personne... Mêmes les kitins refusent de s'aventurer au delà de la frontière naturelle que représente la coulée de goo.

Pendant des heures, il ne pensa qu'à une chose : il ne pensait qu'à cette déesse pour qui il aurait donné sa vie...
Il avait pris le risque d'être rejeté de tous, flirté avec une ennemi dont il était amoureux depuis leur première rencontre.
Depuis le début, il ne vivait que pour Jena. Pour cette déesse qui ne l'aimait plus...

D'autres heures passent... Le cadavre est toujours là.
Il pleure ses dernières larmes, encore et toujours.
Encore et toujours, il l'aime... Il l'aime de tout son coeur. De tout son coeur, il espère... Il espère qu'elle reviendra. Qu'elle reviendra pour lui, mais elle ne l'aime plus... Plus jamais elle ne l'aimerait.

Deux jours ont passé.
Le temp passe, et il est toujours là... Toujours là, à attendre et à pleurer. A pleurer sa promise... A pleurer sa lumière qui l'a quitté un soir. Un soir où ttous l'ont rejeté, le début de la fin.
Pour la dernière fois, il pleurera.
Mais avant de fermer ses yeux, il se souvient de tous ceux qui lui ont mentit en lui disant : "je t'aime", "Tu n'es pas un patriote", "Tu n'es pas Fyros", "Tu es l'ennemi de l'Empire".

Le corps du Fyros gît au sol...

Zarion... Zargus... Zar ou Zaza pour les intimes... Aucun d'eux n'est encore là.

Existe-t-il une façon de noyer la peine?
Existe-t-il un antidote contre le venin de cette mort?
Existe-t-il un moyen pour stopper ce poison que tu fais couler dans mes veines?
Existe-t-il quelque chose pour détruite le mauvais sort?

N'entends-tu pas ma détresse?
N'entends-tu pas cette voix qui te supplie?
N'entends-tu pas mon coeur qui crie à qui lui sauvera la vie?
N'entends-tu pas l'écho de ma foi en toi... Jena ! Ma Déesse?

Où est la flamme qui nous unissait?
Où est la passion qui nous enivrait?
Où est la complicité qui, entre nous, régnait?
Où est l'amour qui, en nous, grandissait?

Que s'est-il passé pour que tu prennes une telle décision?
Que s'est-il passé pour éteindre ma passion?
Que s'est-il passé pour que tu ne crois en moi, que je ne sois qu'illusion?
Que s'est-il passé pour que tu veuilles mettre un terme à notre relation?

Que se passera-t-il si tu n'es pas là pour me protéger quand j'ai peur?
Que se passera-t-il si tu n'es pas là pour me consoler quand je pleure?
Que se passera-t-il si tu n'es pas là quand j'aurais besoin de ta chaleur ?
Que se passera-t-il si tu n'es pas là pour combler mon bonheur?

Un dernier souffle... un dernier appel... : Je t'aime.

Les paupières lourdes, la vie du Fyros défile devant ses yeux : ses amis, ses frères, ses anciens amours, ses ennemis, les kamis...

Il semble être déjà trop tard, tout est noir.
Dans un profond silence, il revoit chaque moment avec une intensité démesurée, intensifié à chaque fois qu'il approche de la Lumière Blanche qui a l'air si douce, si sensible, si bienveillante.

Il se noie dans l'ivresse d'une overdose, mais à toute cette sensualité, à cette douceur il aurait préféré de la violence.

Son corps convulse, la puissance de ses nerfs et muscles arrive encore à traduire l'expression de ses pensées : "Jena ! Ton indifférence accentue ma souffrance. Je ne peux que baisser les bras si tu m'abandonnes.
Jena ! Si tu m'entends, réponds moi. Sans toi, je n'ai plus rien qui me retient à la vie."

Le voilà à deux pas deux pas de la concentration de matières, toujours plus blanche, toujours plus pure, si parfaite, et si enjôleuse.

Citation :

Le dénouement au prochain texte : Vie ou mort, le choix n'est pas encore fait, et loin d'être une évidence.

Elmera attendait inquiète le retour de Zarion. Voila plusieurs jours qu'il n'etait pas rentré a la guilde et cela ne lui ressemble pas. Elle sait qu'il n'est pas facile de vivre dans le désert malgré sa chaleur et le fait qu'il soit leur terre. Les gens ne les acceptent pas, enfin pas tous... Zarion avait fait des miracles ! Mais a quel prix ? Le changement est dure a faire accepter, aujourd'hui plus qu'hier surement. Quand on est seul les gens vous prennent pour un fou mais quand vous n'êtes plus seul vous êtes le mal, la personne a abattre. Elmera s'en voulait de ce que Zarion subissait et ne savait pas quoi faire... Après tout elle l'avait rencontré seul dans le désert surement n'aurait elle pas du l'approcher avec ses idées révolutionnaires, mais il l'avait suivis... L'ocyx domestique aux pieds Elmera pensait seule dans le salon a cote de la cheminée allumée même en pleine été. Elle se leva et fit un izam au front fyros et a son grand ami Arkanns :

"Je pars a la recherche de Zarion, il a disparut. Je vous demande de regarder autour de vous si vous le voyez ci joint un morceaux d'armure a lui. Elmera"

Elle prit l'ocyx et lui dit : Cherche Zarion !!
L'ocyx partit tout content, chouette un jeu !! Et une longue recherche se mit en marche.

hrp// a toi de dire si tu veux qu'on te trouve//hrp

Inutile de fuir ou de lutter, voilà ta destinée !

Tu ne pourras pas y échapper, tous vos désirs de changements inespérés que vous avez avoués resteront inachevés.

Depuis longtemps j'attendais ce moment de voir ton regard décrié et ton cœur déchiré.

Je voudrais t'entendre crier éperdument, mais tu es mort maintenant !

La Silhouette homine avait rejoint sa victime, masqué par une capuche couvrant à peine la haine qui ressortait de son visage.

Le piège avait parfaitement fonctionné, ils peuvent enfin croire que le Feu Sacré de Jena va mourir, mais il ne se doute surement pas que derrière Zarion se cache la vraie âme, sa puissante Cheffe qui a maintenant le terrain libre pour convaincre et prouver que l'ennemi du Désert n'est pas celui qu'on croit.

Citation :

Le retrouver, bien sûr. Après, sera t'il trop tard pour le sauver, que deviendra t'il si vous le sauvez... Tout ça, je t'avoue que j'ai pas la moindre idée, je vis cette histoire à l'inspiration du moment (assez négative comme tu le sais, mais je pense que je ne ferais pas la connerie absolue de le tuer.
Ma tendance actuelle est d'en faire un être plus complexe, mais surtout bien plus noir dans son coeur avec tout ce que cela peut impliquer.

Elmera fini par se retrouver dans les primes racines. L'ocyx commençait a s'énerver en ce lieu qu'il ne connaissait pas. Lieu de noirceur, ou la faune est la plus forte vu que toute vie est née ici. Au loin des hurlements se faisaient entendre. Rien a voir avec des kitins, rien a voir avec ces montres. Ces cris n'étaient que douleur et n'avaient presque plus rien d'homin. Locyx lui ne se fiant qu'a son flaire alla directement sur l'homin couché au sol. Elmera s'approcha plus lentement, elle mit plusieurs minutes a reconnaitre le fyros. Il délirait et hurlait des choses incohérentes.

Des larmes coulaient sur les joues d'Elmera, elle n'avait pas besoin de l'examiner plus longtemps pour reconnaitre la goo derrière son délire pour ne l'avoir que trop connu. Des Larmes sur les parchemins pour dire qu'il était retrouvé, des larmes pour demander de l'aide a Arkanns.

"Retrouve nous au passage près de Dyron dans le désert pour les primes racines pacty. Elmera"

Des larmes... de rage de le voir dans cet état pour quoi ? A cause de qui ? Elle attrapa le Fyros et le traina sans ménagement en lieu sure. Elle lui donna son médicament, médicament qui allait le plonger dans un autre délire mais qui chasserait la goo de son corps. Elle savait que ça n'allait pas être agréable mais il le fallait. Après quelques instants a écouter Zarion délirer elle murmura :
"Je ne sais pas si j'ai raison, je ne sais rien... je fais confiance en les gens, ils me blessent, je me relève et j'avance, si je m'arrête je meurt. Je pense que croire en un dieu c'est être stupide Zarion... Je prie une déesse par peur du vide, vide que j'ai voulu et que la goo m'a donné et que j'ai fuis par la volonté du souvenir d'amis laissés derrière moi... Ne crois que en toi Zarion ! Les autres te donneront parfois la force de faire de grandes choses et parfois des choses stupides et mauvaises mais tout ca sera utile pour te construire ! Mais tu dois te lever pour avancer ! Je crois en mes frères Fyros même si ils me tuent au nom de Ma duk !! Je crois en leur force pour être les seuls a survir en ce désert qui ne semble pas vouloir de la vie sur ses terres ! Je crois en leur rire, leur brutalité, en leur âme ! La vérité c'est la tienne, ne laisse perso t'imposer la sienne meme pas moi ! Qu'ils ne tuent, qu'ils me crachent dessus, qu'ils me détestent, qu'ils me rejettent je resterais dans le désert je serais la pour mes frères qui eux veulent croire en Jena et pour autant ne pas renoncer a leur peuple. Vérité ! Honneur ! Discipline ! Justice ! Debout maintenant on rentre chez toi !"

Le corps dissocié de l'esprit... N'est-ce pas ce dont tout homin quelque peu curieux aimerait?

Alors qu'il allait fondre vers l'éternel, un bruit dérangera l'osmose dans laquelle son âme se trouvait.

Des sons... des mots... une voix... ! Tout semblait si proche d'en finir, pourquoi vient-on me déranger?

L'avènement d'une après-vie n'est donc pas venu, la lumière s'éloigne... Puis devient noire et agressive ! Un long tunnel... cette voix qui continue de harceler... Le moment n'est pas venu, il est encore trop tôt.

d'un choc, son cœur cesse de battre... Puis repart avant de s'accélérer.
Les convulsions reprennent, il vomit... Il dégurgite... Il dégueule toute la haine qui est en lui, toute ou presque !
Il en reste suffisamment... Il en reste assez pour ne pas les oublier !

Reprenant doucement son souffle, ses yeux se bloquent sur Elmera. Décidément, c'est la deuxième fois !
Tournant la tête de honte, il ne peut pas encore se lever, mais pense... son esprit a repris possession de son corps, mais à quel prix?

Et une série de fagots de bois extraits....

Arkanns, tout en sueur, se releva, et massa ses reins meurtris par tant de forage. "Humpf, je me fais vieux" songea t-il.

Tout à ses bougonnements sur le temps qui passe, et le corps qui se flétrit, il ne vit pas le gracieux volatile se poser à quelques pas de lui. Ce n'est que le grondement d'un Torbak alléché par la proie qui le fit se retourner. En quelques mouvements vifs, il remplaça sa pioche par son épée et tua l'impudent avant qu'il n'ait pu approcher l'Izam. Il reconnu immédiatement le sceau du Feu sacré de Jena, guilde de son amie Elmera.

"Tiens, il y a bien longtemps que je n'avais eu de nouvelles d'Elmera". Tout heureux, il défit le pli, mais son front se barra d'une ride profonde, alors qu'il prenait connaissance du message.

"Direction Yrkanis ou je trouverai quelques restes de la potion de FrelaMaipa qui a su sauver Elmera en son temps... Si elle fait appel à moi, c'est qu'elle a besoin d'aide, et jamais je ne pourrais la lui refuser".

Le matis laissa en plan ses forages, ses outils, voir mêmes quelques matières à même le sol, et déchira un ticket en direction d'Yrkanis, afin de se préparer à rejoindre Elmera, et aider ce charismatique homin "Zarion".

La rencontre a bien eu lieu. Dans un endroit qui m’est hautement symbolique : les bains de Pyr…

Elmera est arrivée, toujours aussi belle, efflanquée de son compagnon Zarion…

Zarion… Homin que je n’avais encore jamais rencontré, mais dont je m’étais fait une image, à partir des descriptions d’Elmera, mais aussi, des archives que j’avais lues. Je lui ai trouvé le regard vide, la mine défaite, loin de ce à qui je m’attendais. Après les saluts de politesse, Zarion et moi avons échangé quelques banalités… Mais je sentais Zarion sur la défensive, prêt à riposter à toute remarque directe le concernant. Je n’osais donc pas aborder le sujet directement, et Elmera m’aida dans mon entreprise en nous jetant carrément en pâture le sujet « Goo »…

Je ne suis pas certain de vouloir retranscrire le contenu de notre conversation : Elmera a du s’absenter pour s’affairer à sa guilde, confiante de nous savoir, Zarion et moi en tête à tête… Ce contenu, donc, disais je, m’a plutôt fait l’effet de confidences, que de remords ou d’explications. C’est pour cela que je n’en donnerai pas le contenu. Mais sans trahir Zarion, je pense qu’au final, c’est face à un Homin meurtri par la vie Atysienne que je me suis retrouvé… Et ce moment a été un passage assez difficile pour moi… Car il m’a semblé, l’espace d’un instant, voir en Zarion un reflet de mon lointain passé… Même si nos vies et nos origines sont totalement différentes… Et tout de suite, je me suis pris d’affection pour ce homin…

Je pense malgré tout que Zarion me cache des choses. Déjà, concernant l’origine de son « breuvage néfaste ». Il ne me raconte pas tout, et mon imagination en ébullition commence déjà à me faire peur. Elmera… Si jamais un Matis encapuchonné t’approche, si jamais un Matis sorcier dont le nom te semble familier t’approche, je t’en conjure : préviens moi, et fuis le !
Pour en revenir à Zarion, notre entente est encore trop récente pour que je lui accorde ma confiance, même, si sans le savoir, il a su réveiller en moi un sentiment d’affection que je pensais disparu envers mes pairs… Si je dis cela, c’est parce que je lui ai confié mon bien le plus précieux, pour toi Elmera, car j’ai compris que tu tenais à lui : il me restait deux fioles de ton traitement, « au cas ou »… J’espère avoir bien agit, et ne jamais avoir à regretter de les lui avoir données… Car rien ne me garantit que je ne recroise un jour « FrelaMaipa », un des rares homins capables de me concocter ce produit..
J’ai tenté d’arracher la promesse à Zarion de les utiliser, si il se sentait mal, ou si il devait pour quelque obscure raison, ingurgiter de nouveau le « breuvage infâme »… Je ne pense pas avoir réussi à obtenir une promesse digne de ce nom… « Je les accepte, si cela peut rassurer Elmera » m’a-t-il dit lorsque je lui tendais les fioles…

Elmera, tu es une « sorcière »… Car, si Zarion avait souffert d’envies effrénées de meurtres, ou d’autres maux divers et variés, je sais que tu n’aurais pas fait appel à moi. Non… Je pense que si tu m’as demandé de venir au chevet de ton ami, c’est parce qu’il souffre d’un mal dont j’ai su me remettre… Et ce qui me fait peur, c’est que je ne sais pas si je serai à la hauteur de ceux qui m’ont aidé alors à me guérir…

Arkanns pousse un de ses fameux soupirs bien connus, pose sa plume, pli son vélin soigneusement et l’attache à une des pattes de l’Izam qu’il destine au feu sacré de Jena.
Il pense que malgré tout, il devra parler un peu plus en détail avec Elmera…

Zarion avait fui la conversation, ne laissant paraitre une faiblesse qu'au terme d'une confidence qu'il regretta bien vite.

Donner à autrui a été le début de sa fin, il ne voulait plus entendre parler d'amour, d'amitié, ou de quelque sentiment qu'il soit... sinon un : sa colère.

Après tout, n'a t'il pas franchi l'au delà par agacement de la voix d'Elmera qui mis fin aux douceurs de la Grande Lumière pour en faire un vaste complot d'énergie et de matières nocives et inamicale?

Conscient qu'elle l'a sauvé d'un aller sans retour, d'un dernier acte, d'un sentier nu de désir...
Conscient qu'il n'est pas revenu pour pardonner, qu'il a en lui la noirceur qu'il n'a pas eu courage de rejoindre...
Conscient que plus rien ne le retient ici, que plus rien ne le touche, que plus rien ne lui donne le sourire...

Vivre devient une folie, vivre devient une hérésie.
C’est dire simplement Oren Pyr quand j'ai envie de cracher au visage,
C’est regarder au loin, sans ne plus rien attendre,
C'est vouloir, mais ne jamais pouvoir,
C'est rencontrer mes anciens amis et leur dire que tout va bien,
C'est rire et sourire avec les larmes aux yeux.

Ce Désert... Mon Désert...
C’est un roman d’amour que j'ai déjà lu,
C’est ce soleil qui ne me réchauffera plus.
C’est une église où, en silence, mon corps se meurt,
C’est me poser une question et connaître déjà la réponse .